Retour de congés : pas reposée, pas bronzée, mais pleine d’histoires à raconter. Dans ce numéro, ça parle d’imprimerie, de doutes, et d’un périple un peu absurde.
Bonjour à toutes et à tous,
Je vous épargne les considérations sur les fortes chaleurs, on sait tous.tes ce qu’il en est — inutile d’en rajouter une couche. Pendant ces deux semaines de congé, j’ai surtout pris le temps de réfléchir. Ce numéro 7 était prévu pour être un peu particulier, alors j’en profite pour le rendre plus introspectif.
La vérité, c’est que je m’étais fixé l’objectif d’écrire un numéro tous les quinze jours. Et si j’ai tenu le rythme pendant les deux premiers mois, la réalité m’a vite rattrapée. J’ai eu cette impression tenace que ce que j’écrivais n’intéressait personne… alors que je n’ai reçu que des retours positifs. Le bon vieux syndrome de l’imposteur, encore et toujours.
Mais pour une fois, je ne vais pas abandonner ce que j’ai commencé. Alors même si ce numéro a mis du temps à arriver, le voici. Et je suis très contente de le partager avec vous et je me tiendrai à un rythme mensuel, je ne veux pas que cette newsletter devienne une corvée.
Bon.. ce n'est pas vraiment un point technique à proprement parlé ^^
Début juin, j’ai eu la chance de visiter les deux sites d’une grande imprimerie italienne avec laquelle je travaille souvent. Elle est située près de Venise (et non, le tour en gondole n’était pas inclus, malheureusement).
Ce n’était pas ma première visite en imprimerie — les machines se ressemblent plus ou moins d’un site à l’autre — mais c’est toujours passionnant de voir comment chaque lieu s’organise. Et surtout, de rencontrer enfin les personnes avec qui je travaille au quotidien sans avoir jamais vu leur visage. Ça change tout. D’un simple échange client-fournisseur, on passe à une vraie rencontre humaine. Et pour moi, c’est essentiel : savoir avec qui je travaille, c’est ce qui donne du sens à ce que je fais.
Et puis, voir un livre prendre vie devant ses yeux, étape par étape, c’est toujours un moment fort. On ne s’en rend pas compte tant qu’on ne l’a pas vu, mais c’est long et minutieux, la fabrication d’un livre. Même dans le milieu de l’édition, beaucoup d’éditeurs ou de commerciaux n’ont jamais mis un pied dans une imprimerie. Résultat : quand ils réclament une réimpression en une semaine parce qu’un livre est en rupture, il faut leur rappeler que, non, on n’appuie pas sur un bouton pour que le livre tombe tout prêt dans un carton. Et qu’aussi, petit détail qu’on oublie souvent : nous ne sommes pas les seuls clients de l’imprimeur.
Alors oui, un livre de poche très simple peut peut-être être réimprimé en une semaine, mais pour le reste, c’est 15 jours minimum. Point final.
La robotisation avancée
Dans leur entrepôt de papier, ce sont des robots qui gèrent tout. Chaque palette de papier est scannée et référencée, et les robots vont automatiquement chercher la bonne référence quand l’impression est quasi imminente. Fini les allers-retours épuisants pour les opérateurs.
La taille démesurée de l’entrepôt papier
Jamais vu ça. 15 mètres sous plafond sur 100 mètres de long, et plus de 9000 tonnes de papier stockées. Vous voyez le rayon des étagères chez Ikea pour votre fameuse Billy ? Eh bien imaginez deux fois plus haut, à une vache près, c’est pas une science exacte (+10 si vous avez la réf’).
D’ailleurs, c’est interdit d’y pénétrer au-delà d’un certain point. Une tonne de papier qui vous tombe dessus et vous passez du statut d’humain à celui de crêpe à la confiture de fraise. Image poétique, mais efficace.
Leur engagement environnemental
Là où certaines imprimeries sont moins regardantes, ici tout est recyclable et recyclé. Encres, plaques en aluminium, papier, tout ce qui est jeté est recyclé. Les produits sont aussi moins toxiques qu’avant. On sent que l’impact écologique est une vraie priorité, et franchement, ça fait du bien.
Voilà pour ce petit retour d’expérience. Si un jour, pour une raison ou une autre, vous avez l’occasion de visiter une imprimerie, foncez. C’est impressionnant, instructif, et émouvant — surtout quand on aime les livres.
Pour des soucis de confidentialité, je ne peux pas mettre de photos ni de vidéos (Kessel ne le permet pas de toute façon) de l’imprimerie en question, du coup… voici quelques photos de Venise :P
L’imprimerie la plus éloignée où j’ai été envoyée, c’est en Bosnie-Herzégovine. Mot compte triple au Scrabble. À l’époque, je travaillais pour un éditeur très (très) exigeant sur la qualité d’impression de ses livres — c’est d’ailleurs avec lui que j’ai accumulé le plus d’anecdotes en imprimerie. Pour chaque titre, il fallait se déplacer physiquement pour le fameux calage (j’en parle plus en détail ici: lien vers l’ancien numéro).
Chaque livre. Même les réimpressions.
Et me voilà donc avec un vol Paris → Split (Croatie), puis une escale, puis un autre vol (impossible de me rappeler la ville finale). Retard au départ de Paris à cause d’une inspection surprise de l’avion (toujours rassurant). J’ai perdu cinq points de vie à force de courir et de stresser.
Une fois enfin arrivée, un chauffeur m’attend pour… 2h30 de route. Sans réseau. Impossible de prévenir qui que ce soit. Il aurait très bien pu être un kidnappeur — et comme mon père n’est pas Liam Neeson, on connaît la suite.
Sept heures de voyage plus tard, j’arrive enfin à l’imprimerie. Et là, surprise : ils avaient déjà lancé l’impression en se basant sur l’exemplaire que j’avais envoyé. Et devinez quoi ? C’était nickel. La colorimétrie était impeccable. J’ai fait deux mini-ajustements histoire de ne pas être venue complètement pour rien, j’ai passé 30 minutes sur machine, puis j’ai repris le chemin du retour.
Résultat : bilan carbone catastrophique, deux jours de travail à rattraper, une fatigue carabinée et un niveau de stress au plafond.
Mais bon, c’est ça, la fabrique du livre : des aventures, et de l’absurde parfois… ;)
Merci d’avoir pris le temps de me lire jusque-là.
Ce numéro était un peu différent, un peu plus personnel, mais j’avais besoin de le poser quelque part.
Si vous avez envie de réagir, de partager votre propre expérience ou juste de me dire coucou, ma boîte mail est toujours ouverte.
À très bientôt pour un retour à du papier, du concret… et peut-être un peu moins de kilomètres !
Livrement vôtre,
Isalyne